mercredi 24 mars 2010

Chocolate Redux

"La notion de chocolat contredit-elle le principe du libre-arbitre?"
Rocher croustillant

White Chocolate Macadamia Nut Cookies

Profiteroles

Entremets Chocolat blanc Orange sanguine

Tour napolitaine aux trois chocolats

Marquise pailletée d'or

Circus Cupcakes

Les mamelles de Tirésias

Rochers aux amandes

Tarte au chocolat éclats de caramel

Grand Marnier Chocolate Fudge Cupcakes

Rochers meringués

samedi 13 mars 2010

Boulimie cousue

« Le zèle mène toujours un peu trop loin, mais parfois il est nécessaire »… surtout lorsqu’on s’est attribué des limites arbitraires échelonnées dans le temps… genre… la mousseline sera pour après le jersey, la broderie au ruban nécessitera au moins deux mois de réflexion avant toute tentative d’ébauche, je vais encore me faire un petit croquis avant de couper. C’est que j’ai un amour coupable pour le dilatoire et la procrastination sise dans l’âme ! N’empêche que lorsque le zèle m’y oblige c’est plutôt la déferlante…

Vareuse Glasgow C'est Dimanche... toile de jean vert canard et Liberty Lodden, bouton en bois


Robe Milano C'est Dimanche... coton écru brodé


Robe boule Oliver + S... laine brodée motif écossais doublée de popeline grise

Paletot Venezia C'est Dimanche... laine à chevrons chocolat foncé doublée de soie doupion rayée bleu et gris, plastron en brocart de soie bleu, argent et or, boutons bombés en métal vieil or

Gilet de berger C'est Dimanche... fourrure synthétique de couleur sable doublée de coton/soie à motif rayé et fleuri chocolat foncé, lien de ruban satin couleur anis

vendredi 12 mars 2010

"Beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie"

Je ne suis pas de celles qui ont la couture chevillée aux dextres. J’avais beau avoir voulu être costumière, l’aspect pratique de la chose me révoltait. Au lieu, je remplissais des carnets entiers de croquis, j’y collais des brins de tissus, je m’assoupissais entre les volumes épais des catalogues du Costume Institute du MET, du Smithsonian, du Victoria & Albert Museum, du musée des arts décoratifs, du Kyoto Costume Institute. Le dessin ! Le rêve ! Les profondeurs insondables de l’imaginaire ! L’entropie chromatique de ma boîte de couleurs avec ses aquarelles qui bavaient les unes dans les autres ! C’était là mon univers. A d’autres, beaucoup plus pragmatiques, j’aurais volontiers laissé le train-train de la réalisation. J’évitais la classe de sciences ménagères de mon collège, sorte de pavillon de pestiférés, avec son armada de fourneaux blancs pimpants, sa table de coupe corpulente, sa batterie de robots-mixeurs, son escadrille de machines à coudre dont l’aiguille, cette impitoyable poinçonneuse stakhanoviste me faisait immensément peur. Je m’étais même rendue coupable d’avoir fait réaliser par une amie un projet de couture auquel je n’avais pas pu échapper lors de ma courte prestation dans le monde universitaire du design théâtral. Faut-il le dire ? J’étais toute aussi pétrifiée par les entourloupes labyrinthines qu’empruntait le fil de couture par brèches et crochets avant de finir dans le chas de l’aiguille. Pour ce qui était de faire une canette ? Une matrice stochastique me paraissait plus limpide. Cette achmophobie se décuplait face à l’impatience exaspérée des quelques rares âmes qui s’ingéniaient à me faire apprendre le b.a.-ba de la couture à la machine.
Vexée et ayant trop tôt lu Simone de Beauvoir pour avoir tout compris, je me qualifiai illico de trop moderne et de trop sophistiquée pour jouer les dilettantes avec une Bernina. Sauf qu’ayant déjà sacrifié les yeux de la tête et tout ce qui va avec pour une fripe couture dont je n’aurais pu me passer mais que sans doute je regretterais dans un délai de trois mois, j'ai finalement compris qu'il aurait été plus intelligent de savoir faire son ourlet soi-même plutôt que de sacrifier un crapaud éclaffé chez un repriseur.

Mon adolescence, ce long supplice rythmé par une estime flageolante, un radicalisme compensateur et l’utilisation massive d’acide salicylique, m’est passée. Et avec, l’effroi de l’aiguille et le truchement d’un féminisme homogénéisant et simpliste. Fortement épaulée par une belle-mère indulgente et d’une constance infatigable, je me suis mise, lentement et maladroitement, à la broderie dans un premier temps... la chance me souriait, la pointe de l'aiguille étant émoussée!



Plus tard… je découvrais un mélange plus ou moins hasardeux de broderie et de patchwork sans matelassage. La maîtrise pavlovienne de l’aiguille se faisant sur une Singer quarantenaire dont l’âge, les plantureuses proportions en fonte et les fonctions sommaires me réconfortaient.


Et un jour, bien trop tôt pour mon amateurisme couturier… la découverte du Birdie Sling d'Amy Butler et de ses infâmes épaisseurs d’entoilage thermocollé – une véritable obsession américaine… place au jingle… Pour le faire durer plus longtemps, mettez-y du carton ! Qui s’acharne au retournement de l’engin risque une hernie, c’est moi qui vous le dis !

Birdie Sling en popeline bleu marine et Liberty Louise doublée de popeline couleur bordeaux

vendredi 5 mars 2010

N'en v'la un tas d'adjutorions!

Je voulais être costumière. L’écriture n’était pas pour moi un métier. On avait passé l’âge pailleté où l’on pouvait en vivre honnêtement à moins d’être une vénérable « tête de cul poudrée », un « détenteur de sourire de lavabo pour grabataires finissants » venu éructer cathodiquement les prémisses tragi-anecdotiques qui allaient mener à un incipit claudicant.

Mais pour ce faire, il aurait fallu que je traverse les grandes plaines canadiennes, que je survole les lacs Winnipegosis et Ontario, la rivière Rouge, la rivière Assiniboine, pour me retrouver dans un placard (meublé) à Toronto. Mais les petites métisses de bonne famille ne vont pas apprendre seules dans une mégapole les fantaisies de l’étoffe garancée… « sera ensuite bouilli avec alun, tartre ou gravelle, et après garancé avec garance commune, ou croûte de belle garance, et parachevé en noir avec noix de galles d'Alep. » Elles restent au creux de la main familiale et se laissent bercer par la douce illusion d’un parcours en lettres modernes, de plats chauds trois fois par jour, d’ablutions et de lessives gratuites.

Il existait d’autres solutions bien sûr. J’aurais pu trottiner à travers l’Amérique du Sud comme le faisait mon frère, l’étendard d’une ONG, des baskets éculées et la dysenterie résultant de pitances de hamster haché mâchés au bord d’autoroutes comme seuls compagnons. Prendre du galon de Rebelle humaniste. Mais je n’étais pas entièrement convaincue qu’un BFA en Fashion and Costume Design n’allait pas me mener ailleurs que tout droit aux caisses d’allocation chômage de l’État canadien. Non pas qu’un diplôme en lettres ne garantisse un avenir tout aussi brillant.

Je me suis contentée de quelques cours introductoires d’arts dramatiques – design, écriture, analyse et interprétation confondus. Le département de théâtre se trouvait au sous-sol d’un stigmate architectural des années soixante-dix. Ceux qui y affluaient étaient de teinte grise, sans nul doute atteint de scorbut, mégalomaniaques, endogames, pathologiquement zélés. Les profs n’étaient pas mieux et avaient ajouté à leur répertoire la dipsomanie, la lubricité, des posters défraîchis de films serbo-croates sous-titrés en alsacien dans leurs bureaux. Je n’appréciais pas particulièrement Stanislavski et encore moins ses adeptes. Jouer vrai à tout prix même si le jeu est mauvais. On aurait dit une proclamation de l’ère post-post-post-moderne, une exhortation à la médiocrité, une consécration d’une carence de l’effort, le mildiou de l’esthétique, la vie contemporaine en somme. Et où pouvais-je aller puiser le fétide mélange de désespoir, de douleurs, d’abdication, la rage impotente, la hargne vengeresse d’une reine Margaret en proie au maléfice de Richard III ? J’avais eu une enfance heureuse, n’avait jamais perdu mon doudou dans le métro, était restée essentiellement blasée face aux ruptures amoureuses, n’avait jamais touché le froid cadavérique d’un locataire de cercueil ; on n’avait pas écrabouillé mon chat dans la rue par un après-midi ensoleillé de juillet… je n’avais pas de chat. Je déteste les chats. Leur roucoulade lancéolée, leurs vaines voltiges tape-à-l'oeil de gymnaste soviet, leur ductilité impudique, ces yeux de fumée de cadmium ébouillanté, l’arrogance des boulettes de poils et de morve qu’ils laissent dans leur sillage, leur coquetterie fat de midinette, la toilette linguale... Saloperie de bête !

Je n’avais pas de compendium émotif, de mémoire affective dans lequel puiser un personnage de veuve hystérique et brisée dont on avait assassiné tous les enfants ! J’ai laissé derrière moi le Russe gominé, les zombies couleur poussière, les fins pédagogues biberonnés au bourbon et les quelques croquis préliminaires de costumes commencés pour les quatre chères vieilles tarées d'une production imaginaire de La Folle de Chaillot et j’ai émigré quatre étages plus haut dans la tour de Babel, au département de langues modernes, d’où je suis ressortie quatre ans plus tard lardée de falbalas honorifiques qui ne valent pas tripette dans la rue. J’ai lourdé Ma vie dans l’art mais j’ai gardé les croquis.




jeudi 4 mars 2010

Flirt Culinaire

« Sur les cuivres, déjà, glisse l'argent de l'aube !
Étouffe en toi le dieu qui chante, Ragueneau !
L'heure du luth viendra, - c'est l'heure du fourneau ! »

Le marivaudage stomacal ne me parle pas. Séduire à coups de pâte briochée me paraît quelque peu suspect. Une traitrise antiféministe. Un battement de cils digesto-phallocratique. Et quand les sucs gastriques ont fini de réduire le Paris-brest en acides aminés et en glucose, l’ensorcèlement passager prend t-il fin lui aussi ?