vendredi 2 septembre 2016

British Bohemia



1) Sauver, in extremis, une vieille chaise ayant appartenu à une aïeule peu aimable, d'une fin de vie poussiéreuse certaine dans le showroom de l'Emmaüs le plus proche. De mémoire de (mon) homme, elle a toujours traîné triste et abandonnée dans un coin de la morne maison.

2) Trouver que sous ses effroyables oripeaux synthétiques (ma doué ! c'est que l'ancienne ganache avait mauvais goût !), elle a une saine structure et de belles lignes.

3) Se débarrasser des dits oripeaux, poncer le bois, tester les ressorts.

4) Décider qu'une nouvelle jeunesse s'impose par le biais d'un bain de couleur... et puis pourquoi pas cette nouveauté chez Farrow&Ball, Vardo, un joli et gai bleu vert qui rappelle un coloris utilisé dans la décoration des roulottes tziganes traditionnelles tirées par des chevaux (ça aurait fait bondir la méchante rombière).

5) Se convaincre que ce Harris tweed jaune citron irait, ma foi, fort bien avec le vert nomade.

6) Se réjouir que le cahier des charges écolo et éthique a été respecté - la gamme de peintures Farrow&Ball est élaborée selon des méthodes de production ancestrale et ses formulations acryliques aux pigments naturels ont une teneur en COV minime. De plus, l'entreprise s'inscrit dans le patrimoine industriel britannique depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Le Harris tweed teint et tissé à partir de laine vierge par les habitants et bien souvent crofters des Hébrides extérieures en Ecosse, est la seule étoffe au monde qui soit protégée par sa propre loi au parlement britannique. Bien plus qu'un artifice de mode ou simple ornement, ce tweed est empreint de tradition et contribue à la survie économique et sociale d'une des régions les plus isolées et dépeuplées du Royaume-uni.

7) Se dire qu'elle n'est pas mal du tout cette vieille chaise devenue tout à coup pop et pimpante, que la vieille bique aurait détesté, que c'est tant mieux et que c'est une belle revanche, somme toute, pour une chaise si longtemps délaissée !