mardi 21 décembre 2010

Jubilé commémoratif de l'illusionniste palestinien...

Hordes affamées brandissant leur Mastercarte tel un étendard légitimant une consommation boulimique, grande ruée voiturière sur les parkings du centre commercial, ici poètiquement nommé centre d'achats... plaie esthétique, fanum de la mort de l'imagination, manne de l'étrenne à l'emporte-pièce, synonyme de notre temps. Dindophiles invétérés abattant de trapus quoique graciles spécimens conifères pour les larder de fanfreluches périmées (coeurs en plâtre barbouillés d'un incertain trait de gouache circa classe de 1985 de Mademoiselle Bidule, école primaire du maréchal Machin sise rue du Docteur Untel et qui valu à l'apprenti-artiste en accessoires en question un "B" pour "bonne préhension manuelle d'une matière souple"), brimborions échus (l'ange étouffant dans sa dentelle de Calais hépatique hérité de Mamie Gaga), vétilles plastiquées (pour chaque kilo de PQ acheté un Santon en polystyrène offert!). Ménestrels en fraises de feutrine rouge poulopant de demeure en demeure pour y déverser leur falsetto assourdissant. Agapes aux allures râtées... par rancoeurs sourdes ou renvois aigres. Charité saisonnière faisant bien piètre figure à coté des dépenses en hyperplasie. Espoirs éclatés pour en avoir trop goulûment voulu... de bûche, d'oboles, d'entente cordiale avec une grande-tante sociopathe à barbe. Ah Noël! De quoi réveiller de monstrueuses réserves de sarcasme! Mais Noël c'est pour les enfants pas vrai? Et les amoureux. Enfin, c'est c'qu'on dit. Petites créatures, joyeux naïfs qui croient toujours à la poudre de Perlimpinpin et sur qui le cynisme, les lois de la physique et de la logique n'ont aucune emprise. Chers petits! Ils auront bien le temps de découvrir la vie!

Couronne faite du branchage tombé et recyclé de sapins trop tôt et en trop grand nombre abattus, ruban, figurines en bois, plumes et paillettes.

Sapin de Noël Kidsonroof en carton recyclé à monter et à remonter.

"Noël nom donné par les chrétiens à l’ensemble des festivités commémoratives de l’anniversaire de la naissance de Jésus-Christ, dit « le Nazaréen », célèbre illusionniste palestinien de la première année du premier siècle pendant lui-même. Chez le chrétien moyen, les festivités de Noël s’étalent du 24 décembre au soir au 25 décembre au crépuscule. Ces festivités sont : le dîner, la messe de minuit (facultative), le réveillon, le vomi du réveillon, la remise des cadeaux, le déjeuner de Noël, le vomi du déjeuner de Noël et la bise à la tante qui pique. Le dîner : généralement frugal ; rillettes, pâté, coup de rouge, poulet froid, coup de rouge, coup de rouge. Il n’a d’autre fonction que de « caler » l’estomac chrétien afin de lui permettre d’attendre l’heure tardive du réveillon sans souffrir de la faim. La messe de minuit : c’est une messe comme les autres, sauf qu’elle a lieu à vingt-deux heures, et que la nature exceptionnellement joviale de l’événement fêté apporte à la liturgie traditionnelle un je-ne-sais-quoi de guilleret qu’on ne retrouve pas dans la messe des morts. Au cours de ce rituel, le prêtre, de son ample voix ponctuée de grands gestes vides de cormoran timide, exalte en d’eunuquiens aigus à faire vibrer le temple, la liesse béate et parfumée des bergers cruciphiles descendus des hauteurs du Golan pour s’éclater le surmoi dans la contemplation agricole d’un improbable dieu de paille vagissant dans le foin entre une viande rouge sur pied et un porte-misère borné, pour le rachat à long terme des âmes des employés de bureau adultères, des notaires luxurieux, des filles de ferme fouille-tiroir, des chefs de cabinet pédophiles, des collecteurs d’impôts impies, des tourneurs-fraiseurs parjures, des O.S. orgueilleux, des putains colériques, des éboueurs avares, des équarrisseurs grossiers, des préfets fourbes, des militaires indélicats, des manipulateurs-vérificateurs méchants, des informaticiens louches, j’en passe et de plus humains. A la fin de l’office, il n’est pas rare que le prêtre larmoie sur la misère du monde, le non-respect des cessez-le-feu et la détresse des enfants affamés, singulièrement intolérable en cette nuit de l’Enfant. Le réveillon : c’est le moment familial où la fête de Noël prend tout son sens. Il s’agit de saluer l’événement du Christ en ingurgitant, à dose limite avant éclatement, suffisamment de victuailles hypercaloriques pour épuiser en un soir le budget mensuel d’un ménage moyen. D’après les chiffres de l’UNICEF, l’équivalent en riz complet de l’ensemble foie gras-pâté en croûte-bûche au beurre englouti par chaque chrétien au cours du réveillon permettrait de sauver de la faim pendant un an un enfant du Tiers Monde sur le point de crever le ventre caverneux, le squelette à fleur de peau, et le regard innommable de ses yeux brûlants levé vers rien sans que Dieu s’en émeuve, occupé qu’Il est à compter les siens éructant dans la graisse de Noël et flatulant dans la soie floue de leurs caleçons communs, sans que leur cœur jamais ne s’ouvre que pour roter."

(Pierre Desproges, Dictionnaire superflu à l'usage de l'élite et des bien nantis)

Allez! Joyeux Noël quand même!

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