vendredi 19 août 2016
mardi 9 août 2016
Les mains dans le lin
Indissociable du patrimoine breton, le lin est inscrit dans le paysage. Kanndi, routoirs, enclos paroissiaux, maisons de tisserands et de marchands : ce sont les témoins d'une prospérité, d'échanges et d'un enrichissement culturel qui ont fait vivre une population importante plusieurs siècles durant. Historiquement, c'est le plus vieux textile du monde utilisé par l'homme. Des fibres portant des traces de torsion et de teinture et vieux de 36 000 ans ont récemment été découverts dans une grotte en Géorgie. Aux usages multiples, le lin s'est prêté à tous les emplois - billets de banque, papier à cigarette, litière animale, engrais, décoration, alimentation, habillement, habitation... Aujourd'hui, 80% de la production linicole européenne se passe en France et 85% de la production linicole mondiale est assurée par l'Europe, sa plus forte concentration s'étendant du nord de la France et de la Belgique jusqu'aux Pays-Bas. C'est la seule fibre végétale textile indigène d'Europe et les conditions nécessaires à son bon développement en font une culture naturellement non-délocalisable. La fibre est florissante dans des climats océaniques tempérés avec une pluviosité bien répartie et de faibles écarts de température. Autant dire que notre petit bout de presqu'île en Bretagne sud se prêtait très bien à quelques expériences pédagogiques dans le jardin !
Les graines de lin textile de variété Damara semées proviennent du GNIS (Groupement National Interprofessionnel des Semences et plant). La Damara est un lin de printemps résistant et productif ce qui rend caduc toute utilisation de pesticides. Pour vous en procurer gratuitement, il vous suffit d'en faire la demande. Je l'ai fait à partir du site Le lin côté nature qui regorge d'infos sur la culture et l'histoire du lin.
D'une empreinte environnementale minimale, le lin ne nécessite aucune irrigation à part celle, naturelle des eaux de pluie. Il est exploitable jusqu'à la racine et n'est transformé que par voie mécanique. Il ne supporte qu'un minimum d'intrants et stocke un maximum de carbone, ce qui, sur la seule surface linicole européenne, permet d'éviter l'émission de 342 000 tonnes de gaz à effet de serre. Ces avantages font du lin une culture éco-responsable par excellence. Une quantité de nouveaux procédés d'ennoblissement et de finissages écologiques peu gourmands en énergie et en eau viennent rehausser encore un peu plus l'éclat écolo de la fibre de lin. Combiné à des propriétés naturellement anti-bactériennes, une grande simplicité d'entretien, une longévité certaine grâce, notamment à sa fibre longue et un recyclage presqu'infini, le lin contribue à une vie sur Terre durable.
En parallèle à ces incursions horticoles, il fallait bien accoucher d'un projet couture... place au haut à nœud de l'américaine Rachel Comey fait à partir du patron Vogue 1507 et taillé dans le lin blanc Como stone wash à la finition lavée et au touché doux de l'EPV Lemaitre Demeestere - l'une des cinq plus anciennes entreprises textiles de France et le seul tisseur français à faire partie du club Masters of Linen qui garantit la traçabilité et la qualité du lin 100% européen car bien que la France produise et teille son lin, les usines de filature appartiennent à un passé révolu et la quasi totalité des lins teillés partent en Chine pour être filés, tissés et confectionnés. Il existe néanmoins quelques filatures européennes en Belgique, en Italie et dans l'ex bloc soviétique. Lemaitre Demeestere reste l'un des rares tisseurs français de lin.
Si vous vous attelez à ce haut, il est sûrement préférable de choisir la taille en dessous de votre taille habituelle car ce modèle, large d'encolure et fendu de partout (ce qui en fait toute son originalité et qui le rend appréciable par ces chaleurs estivales) risque sinon de vous glisser des épaules.
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