Des épaulettes ! Malheureusement, c'est tout ce que retient
l'opinion populaire lorsqu'elle se remémore le couturier qui fut l'un des
grands noms de la mode des années 80. Trente ans plus tard, loin de l'époque
Palace, du succès fulgurant et des deux Dés d'Or remportés coup sur coup
lorsqu'il était à la barre de la maison Lanvin, il vit en reclus et ne suit
guère l'actualité de la mode.
La vie n'a pas été très tendre avec lui. Avant de prendre en
main la barque Lanvin, Montana refuse de rentrer chez Dior qui lui propose de
chapeauter son activité haute couture et prêt à porter. L'aventure Lanvin
prend fin brusquement lorsque la maison est noyée dans les difficultés
financières. Le couturier tente de se raccrocher à ses propres activités mais
le vent a changé. Son style emblématique taillé dans de riches matières cède la
place à une silhouette plus décontractée, anti-mode, marquée par les mouvances
socio-politiques des années 90. Les emplacements de ses boutiques rue des
Petits-Champs et avenue Marceau s'avèrent être peu porteurs et ferment leurs
portes rapidement. Le parfum qu'il lance ne décolle pas bien et après avoir
souffert plusieurs revers financiers, le couturier se voit contraint de céder
sa marque. Depuis 2008, date à laquelle le contrat qui le liait à ses
repreneurs prend fin, Montana avoue ne plus avoir de "projet
concret". Le flou donc pour cet Icare de la mode.
Aux choix stratégiques foireux se jalonnent les drames
personnels. Wallis Franken, mannequin new-yorkaise, sa muse de longue date et
sa femme de trois ans se suicide en 1996 en se jetant par la fenêtre de son
appartement parisien dans des circonstances troubles. Leur relation était
tumultueuse, violente même et Montana sombre, perd pied, replonge dans les
excès et les mauvaises habitudes prises au Palace fin 70.
Retiré du monde de la mode, timide et taiseux, il jouit
néanmoins d'un petit retour sur scène - sorti en 2010, un livre co-écrit avec
la journaliste Marielle Cro où il livre ses mémoires, une exposition hommage
organisée par l'antiquaire de mode et indéfectible admirateur, Didier Ludot,
sous les arcades du Palais Royal, un référencement contemporain à travers le
travail de jeunes créateurs de la trempe de Nicolas Ghesquière, d'Alexander
McQueen, de Marc Jacobs, de Zac Posen et d'Alexander Wang. Ce référencement,
Montana en sourit gentiment, "A mon époque, plus les vêtements étaient
créatifs et dingues, mieux c'était. Aujourd'hui, les choses se sont complètement
inversées, non ? (Les Inrocks, 17 novembre 2010)
Claude Montana fait exploser les codes de la femme droit
sortie de la pulpeuse ère Disco. Sa femme, il la veut insoumise, indépendante,
moderne. Néanmoins, Montana est souvent calomnié par certains groupes féministes
des eighties qui voient une réification rétrograde dans ce retour à la taille
de guêpe, aux talons aiguilles et au glamour outrancier. Fini les sabliers
nostalgiques, la femme Montana a une silhouette en X - les épaules larges, la
taille étranglée, les hanches accentuées. Montana rejette l'utilisation du
corset, ayant compris que la femme moderne qui souhaite mettre en valeur un
profil idéalisé ne le fera pas au prix de l'inconfort. Ses défilés sont d'une
orchestration précise, la théâtralité et la noirceur du spectacle indisposent
même les rédactrices de mode rompues à l'exercice. On lui prête de sombres
intentions qu'il n'a point. Claude Montana travaille le luxe - le cuir, la
soie, le cachemire dans l'uni et avec une exigence de perfectionniste. Il taille
dans le superflu pour dégager des lignes nettes et rigoureuses. A une époque où
le corps esthétisé prend toute sa place, il préconise un vêtement qui exige au
corps qui le porte, maintien de la forme physique, discipline et maîtrise de
soi. Il résume à lui seul, une époque. Il lui faut une dureté raffinée, un
parfait mélange entre les archétypes traditionnels du masculin et du féminin,
juxtaposant à la fois la sophistication et la force.
Pendant les années 80 et 90, la boîte de patrons Vogue
publie plusieurs modèles Montana dans leurs gammes "Individualist" et
"Vogue Paris Original". Rare, j'ai pu trouver le modèle 1888, datant
de 1996, sur Etsy où il fait parfois des apparitions intempestives. La robe
cocktail embrasse les courbes et sabre une silhouette en X. De magnifiques
découpes dorsales accrochent l'œil et pimentent une robe autrement assez sobre.
La toile, vous l'avez déjà vu ici. La version définitive, noir jais, a été
faite dans une faille de soie légère, renforcée avec une toile de tailleur en
laine et en poil de chèvre et doublée en satin de soie, le tout surpiqué à la
main de cordonnet de soie. J'ai voulu et j’espère être restée fidèle à l'esprit
et à l'esthétique couture de Claude Montana.
R E S P L E N D I S S A N T E!!!!!!!!!!!!!!!!
RépondreSupprimerChapeau bas! cette robe était pour toi.
Je suis sur les F...;)))
;)
SupprimerElle est vraiment très belle ta robe!!
RépondreSupprimerMerci !!!
SupprimerSUCH a sexy dress. the shape oozes loveliness!
RépondreSupprimerhow i wish google translate worked better, because the story seems fascinating. or, better yet, i would have paid more attention in my 4 years of high school french...
Awww! Thanks! You're so sweet! If I wasn't such a procrastinating so-and-so I'd get around to an English translation! You might like to check out the Claude Montana: Fashion Radical book!! Cheers!
RépondreSupprimerMerci pour ce super post intelligent et beau :)
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